Introduction
Le financement structuré est une approche financière spécialisée qui convient principalement aux grandes entreprises ayant des besoins financiers spécifiques auxquels les prêts traditionnels ne peuvent répondre. Il implique des transactions complexes et parfois risquées et est souvent utilisé pour financer d’importants projets d’infrastructure. Ces instruments financiers permettent de gérer les risques, d’attirer les investisseurs et d’allouer les ressources de manière efficace, ce qui nécessite généralement un capital important de la part des investisseurs. Contrairement aux prêts classiques, les produits financiers structurés ne sont pas transférables.
La titrisation est au cœur de la finance structurée, permettant la création de pools d’actifs sur mesure et d’instruments complexes, tels que les titres de créance garantis (CDO), les titres obligataires garantis (CBO), les titres hypothécaires garantis (CMO) et les titres hybrides. Ces instruments sont fréquemment utilisés pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises et des investisseurs spécialisés.
Principaux objectifs des financements structurés
- Atténuation des risques : Le regroupement d’actifs permet de répartir les risques entre plusieurs investisseurs et d’atténuer l’impact des défaillances ou des fluctuations du marché.
- Des solutions financières sur mesure : Le financement structuré permet de créer des structures de flux de trésorerie, des profils de risque et des priorités de paiement personnalisés, permettant aux emprunteurs d’obtenir un financement adapté à leurs besoins spécifiques tout en s’alignant sur les attentes des investisseurs en matière de risque et de rendement.
- Optimisation des flux de trésorerie : La finance structurée peut reconditionner et restructurer les flux de trésorerie des actifs sous-jacents pour les aligner sur les différentes stratégies et préférences d’investissement, en optimisant les flux de trésorerie pour les différentes exigences des investisseurs ou des émetteurs.
- Amélioration de l’accès au financement : La finance structurée et la titrisation englobent des actifs divers tels que les hypothèques, les prêts automobiles et les dettes d’entreprise, ce qui facilite l’accès au financement pour divers secteurs.
Cas d’utilisation courants des financements structurés
- Financement de projets : Généralement appliqué à des projets d’infrastructure et industriels à long terme, impliquant souvent une participation de l’État.
- Financement des agences de crédit à l’exportation (ACE) : Les OCE agissent en tant qu’intermédiaires entre les gouvernements et les exportateurs, offrant une assurance-crédit et des garanties financières pour promouvoir les exportations des entreprises nationales.
- Financement structuré du commerce : Financement spécialisé basé sur les flux commerciaux de matières premières structurés autour de la chaîne d’approvisionnement, souvent utilisé pour le commerce de matières premières de grande valeur ou de grande quantité.
- Financement immobilier : Utilisation des revenus et de la valeur des biens immobiliers comme garantie pour obtenir des prêts destinés à l’achat de biens immobiliers par l’intermédiaire de sociétés ad hoc, afin d’aider les propriétaires à optimiser leurs bilans et de faciliter les fonds d’investissement immobilier (FPI).
Financements structurés pour les projets d’infrastructure en Afrique
La forte croissance économique de l’Afrique exige des solutions de financement créatives, le financement structuré jouant un rôle de plus en plus vital sur le continent dans des domaines tels que le financement de projets, d’acquisitions, d’actifs et d’investissements. L’Afrique a besoin d’environ 93 milliards de dollars par an pour ses infrastructures, ce qui équivaut à 15 % du PIB du continent. Cependant, seuls 45 milliards de dollars sont actuellement investis chaque année dans les infrastructures, plus de 50 % de ce financement provenant du secteur public.
En 2020, les engagements totaux en matière d’infrastructures ont diminué, passant de 85 milliards de dollars en 2019 à 81 milliards de dollars. Cette baisse a été influencée par le fait que certaines organisations ont réorienté leur attention de l’infrastructure vers la lutte contre l’impact du COVID-19, principalement dans les domaines de la santé et de la macroéconomie. Le FMI a joué un rôle crucial en fournissant une aide d’urgence de 25,5 milliards de dollars à 39 pays africains en 2020. Sans cette aide, les investissements dans les infrastructures auraient pu connaître une baisse plus importante.
Actuellement, la participation du secteur privé au financement structuré et à l’exécution de projets d’infrastructure en Afrique est nettement plus faible que dans d’autres régions, principalement en raison de la baisse des prix des matières premières. Environ 95 % des initiatives en matière d’infrastructures sont entreprises par des entités publiques telles que les gouvernements nationaux et les entreprises d’État. À l’échelle mondiale, l’Afrique ne reçoit que 2 % des investissements étrangers directs, et la majorité de ces investissements sont destinés aux ressources naturelles et aux industries extractives plutôt qu’à des secteurs essentiels tels que les soins de santé, les transports ou l’eau.
Les projets d’infrastructure impliquent généralement des dépenses initiales substantielles avec des retours sur investissement à long terme, ce qui pose des défis aux investisseurs privés en termes d’évaluation. En outre, l’expansion du secteur privé repose sur des réseaux et des chaînes de valeur existants, qui peuvent être absents des marchés émergents comme l’Afrique. En cas de difficultés prononcées, les gouvernements pourraient avoir besoin d’offrir des incitations supplémentaires pour rendre les projets d’infrastructure attrayants pour les investisseurs privés.
Conclusion
Le financement structuré joue un rôle essentiel pour répondre aux besoins financiers spécifiques des grandes entreprises et des projets d’infrastructure, en particulier dans des régions comme l’Afrique où il existe une demande importante de solutions de financement créatives.
Cependant, en Afrique, la participation du secteur privé au financement structuré des projets d’infrastructure reste relativement faible par rapport à d’autres régions, principalement en raison des défis liés à l’évaluation des risques, au retour sur investissement et à l’absence de chaînes de valeur établies.
Pour combler cette lacune et promouvoir la participation du secteur privé, les gouvernements pourraient avoir besoin d’offrir des incitations et de créer un environnement propice aux investisseurs privés. Alors que l’Afrique continue de connaître une croissance économique robuste, le potentiel des financements structurés pour stimuler le développement d’infrastructures essentielles sur le continent reste important.